J’ai bien dormi dans la cabine des visiteurs du parc de baseball voisin du bureau de poste. Bien que la pluie ait submergé la plupart des autres abris,celui-ci avait été épargné. Mais quand même,durant la nuit je me suis abrité sous ma toile,mouillant ainsi mon sac de couchage. En effet,la toile empêche l’air de circuler autour et accumule l’humidité sur celui-ci. Pas de panique! Il me suffit de traverser la rue pour y faire sécher mon précieux cocon,« perma press » avec des balles de tennis pour faire gonfler les plumes. Une fois gonflées,les plumes m’assurent un rendement maximal de confort.
Je dois tout de même ne pas traîner puisque ce soir le père de GG devrait nous prendre et partager « thanksgiving » avec sa famille. La journée est parfaite pour bien marcher,il pleut. Je dois parcourir plus de 15 miles avant d’arriver au point de rencontre.
Je m’arrête un instant devant le spectacle que m’offrent les automobilistes qui roulent sur l’autoroute. La pénombre est déjà tombée et je suis en avance sur l’horaire. C’est alors que je me laisse emporter par le tourbillon de mes pensées. Il pleut toujours et il fait plus frais depuis que le soleil s’est endormi. Combien est-ce que je donnerais pour être à leur place,à ces gens dans leur voiture? Je peux m’imaginer qu’ils sont au sec et au chaud. Confortablement assis à écouter leur musique favorite tout en regardant vaguement à l’extérieur. Ne sachant certainement pas que des gens y vivent,jour après jour,vivant une expérience qui sort de l’ordinaire,marchant sans arrêt tant que leur souffle tient le coup. Rien,je ne donnerait rien pour être assis à leur place. Mais j’y pense,j’y serai dans quelques minutes puisqu’on s’en va passer deux jours au sec,au chaud. Ça y est,je m’y prends,je regarde le trafic passer! Comme un vieil homme,habitant de sa terre,le fait sur son balcon.
Nous sommes arrivés vers 1 heure du matin dans cette maison de la banlieue de Philadelphie,après avoir roulés pendant plus de 3 heures. Suite à quoi nous attendait deux jours de repos et deux jours de festin. Jamais je n’aurais pu croire que mon premier « thanksgiving » officiel,dans les règles de l’art,se passerait sur le sentier des Appalaches. Incroyable! Quel festin! Quel Repos! Merci famille Dicocco!
De retour sur le sentier,je planifie dormir quelques miles plus loin que mes amis. Je leur fait alors mes « à plus tard »,puisque sur le sentier les «adieux» n’existent pas et entame d’un bon pas les quelques miles jusqu’à ma destination. Bien sûr,c’est la fin de semaine! Le sentier fait alors office de lieu de plaisance pour le vaste public. C’est donc en compagnie de deux groupes de jeunes,soûls,que je passe la nuit. Comme dans les films,ils ont apporté du bois sec,des marshmallows,des chocolats,de la bière,du Jack,des saucisses,des saucisses épicées et allez up! Incroyable! J’ai eu droit à un concerto de chansons populaires et moins populaires,à des histoires drôles et cocasses. Croyez moi,c’est dur marcher le sentier des Appalaches! Mais faut bien que quelqu’un le fasse!
Je leur fait donc mes adieux alors qu’ils me saluent,souriant de leur « gueule de bois » et entame ma marche jusqu’à Harper’s Ferry. Une marche de 15 miles qui devrait se terminer au bureau de poste,évidemment. Mais étant donné que c’est samedi,j’ai manqué les heures d’ouverture de celui-ci. J’en ai profité pour faire du social au belvédaire du coin. Un jeune père de famille me harponne de questions. Sans relâche,il me pose question après question,sans même attendre la fin de la réponse précédente. Il voulait probablement montrer à ses enfants qu’il existe des gens qui marchent vraiment ce sentier pédestre de plus de 2100 miles de long. Je me suis esquivé de façon nonchalante à la roche voisine où se trouvait une jeune femme et deux chiens.
Kate me proposa de glander le reste de l’après midi avec elle et son copain. Qui plus tard m’invita à passer le weekend chez lui,attendant ainsi la réouverture de la poste. Si ce n’est pas à la poste que mes pieds me porteront,ce sera au magasin de plein air! Le magasin de plein air de Harper’s Ferry est réputé pour son stock ultraléger. J’y ai fait l’acquisition d’un nouveau sac à dos,d’un nouveau pot et brûleur. Aussi,GG m’a vendue sa pompe à eau ultra compacte et j’ai même échangé mon canif ultra fonctionnel pour une mini lame. J’ai perdu 6 lbs! Super! Durant le weekend,je me suis ouvert le pouce en essayant d’enlever du plastique sur un rond de poêle. Mon nouveau couteau ultra léger à glissé et à couper mon pouce en deux. Je suis un peu moumoune là-dessus. J’ai comme eu un malaise,presque perdu pied. Pendant un instant j’ai senti un vide,un étourdissement. Ryan et Kate m’ont aidé à m’en remettre,on est allé prendre une marche et écouté Gladiator tout en buvant de la bière. C’est moi qui vous le dit! Marcher le sentier des Appalaches,c’est dur!
Une fois en ville,mon vieux sac à la poste,le ventre plein de bonnes crêpes,je me suis pointé au ATC (Appalachian Trail Conservency). C’est le cartier général des Thru-Hikers. C’est ici qu’ils prennent ta photo et l’affichent fièrement dans un bouquin. Tout hiker peut alors voir le visage de ceux qui le précède. J’ai remarqué que LETITBE et GG sont déjà passés. Selon toutes rumeurs,ils vont faire le parc de Shenandoah à contre sens. Laurie m’a remis un cd contenant les photos et vidéo qu’elle a prise de moi alors qu’on s’était croisé sur le sentier. J’étais surexcité puisque la veille il avait plut à boire debout et j’avais dû faire des tranchées pour me garder au sec. Laurie travaille au centre ATC. Elle voit tous les hikers passer.
Je me rappelle avant même d’avoir commencé à marcher,je rêvais déjà de cet endroit. Je me voyais marcher ici entouré de touristes,entouré de hikers. S’il est capable de se rendre à Harper’s Ferry,le northbounder typique voit ses chances de réussir le A.T. à 80%. Il a officiellement marché presque la moitié du sentier. Bien que le vrai point milieu soit plus au nord,Harper’s Ferry est considéré comme la ville milieu. Harper’s Ferry est une ville remplie de musées mettant en vedettes les héros de la guerre civile et les vestiges de l’industrie de l’époque. Malheureusement la saison est terminée,les touristes restent à la maison,bien au chaud,et les hikers ont déjà terminé leur randonnée.
Suite à quoi Kevin débarque avec son chien Morgan. Lui aussi a passé un bon temps de « thanksgiving » avec de la famille. Après avoir mangé un morceau en soirée (il était 4h),je marche vers le pont de la ville où j’y passerai la nuit. Demain je devrai marcher hors du sentier pour y quérir une vue impressionnante de la ville.
Au matin,je dois attendre quelques heures laissant au soleil la chance de retirer l’ombre qui cache la ville. La journée est magnifique mais un tantinet frisquette. Je croise en moyenne 5 chevreuils à l’heure. C’est impressionnant. Certains me pourchassent de leur regard pour finalement réaliser que je suis déjà passé. Parfois je me sens des leurs. Il y en a même un qui était à 5 pieds de moi,sans bouger un poil. Je me suis arrêté,sorti mon appareil photo,puis il est parti. Ah zut. Trop tard! Il ne me reste qu’à contempler le coucher du soleil sur cette roche. J’ai finalement redécouvert une fonctionnalité de mon appareil photo. Il peut prendre des rafales de 100 photos à concurrence de 10 photos par seconde. C’est idéal pour prendre un coucher de soleil! Mais malheureusement,c’est après avoir contemplé le ciel orangé qu’il a laissé dernière lui que j’ai fait la redécouverte. Meilleure chance la prochaine fois!
Au matin j’ai eu droit à un merveilleux réveil sous un ciel mauve. Je profite bien de mon nouvel équipement,j’ai l’impression de flotter. Mon sac est vraiment plus léger. Au midi je croise Thurst. Nous nous étions rencontré juste avant Rutland et il était 2 jours en avant de moi. Il a profité du train de New York pour s’y aventurer quelques jours et c’est à ce moment que j’ai pris quelques jours d’avance sur lui. Ça fait déjà plusieurs semaines qu’il essaie de nous rattraper. Aujourd’hui il slackpack à sens inverse. C’est ainsi qu’on a pu se croiser. Demain il sera environ à 15 miles derrière moi et il devrait me dépasser lors de ma pause à Front Royal. Il a profité de l’occasion pour m’avertir de la pluie cet après midi et j’en ai rien fait.
C’est bien pour dire,je me suis fait laver. La pluie était sournoise ce jour là. Elle a commencée légère,toute douce. Puis peu à peu,sans vraiment que je m’en rende compte augmenta en densité. Vers le milieu de l’après midi,j’étais tout trempé,le moral à plat. J’avais besoin d’un remontant. C’est là que survient mon iPod. Je n’écoute jamais de musique sur le sentier,sauf en cas d’urgence comme là là. En peu de temps,le push button de mes écouteurs est disparu,puis mon écouteur gauche a flanché. Mmm. « Holly crap,you are soacked! » me lança Kevin alors que j’entra dans le shelter après le coucher du soleil. J’étais en effet transpercé par l’eau. En un rien de temps,j’étais au sec,bien au chaud dans mon sleeping bag. C’est dur marcher le sentier des Appalaches! C’est moi qui vous le dit!
Avant de me mettre au lit,j’ai installé mes vêtements les plus trempés sous mon matelas,sous un plastique protecteur. De cette manière l’humidité sera imbibée par le bois,par la chaleur de mon corps. Mes vêtements les moins trempés sècheront avec moi dans mon sac de couchage. Je n’aime pas utiliser cette technique avec mes sacs de couchage puisqu’après coups je dors « humide ». Lorsqu’il y a trop d’humidité dans mon sac de couchage,je transpire plus et je suis sensible au froid. J’utilise des sacs à base de duvet. Mais je peux me permettre cette dose de séchage puisque dans deux jours je serai en ville tout près d’une buanderie. Ya pas de problème!
Aussi,le lendemain nous réservait une fabuleuse journée ensoleillée. Bien que fraiche,j’ai pu sécher au complet,même mes bottes! Les chevreuils ornent encore le sentier et les chasseurs aussi. Il est primordial pour notre sécurité de se vêtir de vêtement coloré. Bien qu’ils n’aient pas le droit de chasser en bordure du sentier,Kevin et moi avons déjà surpris plusieurs d’entre eux,« perdus »,sur le sentier.
Et me voilà ainsi dans Front Royal. Une petite ville très bien organisée pour les hikers. Le Quality Inn propose un bon prix pour les randonneurs incluant le déjeuner. Le magasin de plein air est en réorganisation. Il souffre considérablement de la récession. C’est en aidant l’équipe sur le plancher que j’ai eu droit à une réduction de l’enfer sur une super tarp. Voilà! J’ai gagné 1 lb ?. Mais pour être franc,ma petite toile de hammac ne me plaisait guère en temps tumultueux. J’étais toujours très très humide après une nuit pluvieuse. Avec ma nouvelle toile je vais avoir l’esprit tranquille. Aussi nous avons eu droit aux meilleurs burgers sur le sentier,à date,au Lucky Start. Petit pub du coin où se donne en spectacle,à tous les soirs,des bands locaux. Ce soir c’est avec des airs de blues que nous avons savouré notre dîner et souper. Le barman a un accent d’Angleterre et c’est tout en décrivant les différentes bières de son bar que Kevin et moi avons imaginé n’être plus sur le sentier quelques heures. C’est moi qui vous le dit!! C’est dur de marcher le sentier des Appalaches!
J’ai aussi profité de la douche pour bien laver ma plaie. Durant la semaine,elle ne s’est jamais refermée. J’aurais eu besoin de point de suture. C’est étrange qu’on parle de point de suture car quelques semaines plus tôt j’apprenais que l’armée Américaine avait mis au point une colle spéciale dans ce même but. En effet,cette colle élaborée durant la seconde guerre mondiale porte le nom de « colle folle »,ou bien Crazy Glue. Je me suis donc moi-même fait des points de suture,à l’hôtel. Nous allons bien voir si la légende est vraie! Cette semaine,c’est la première fois que je sens mon pouce « normal ». La peau est collée et referme la plaie. Je sens qu’elle se guérie plus rapidement déjà. C’est bon signe.
Au programme cette semaine,le parc de Shenandoah. Un parc parsemé de chevreuils (oh la surprise),de petites montagnes de 3500 pieds et de vues exceptionnelles. C’est avec plaisir que je souris l’idée que l’euphorie montagnarde pourrait bien me regagner à nouveau!
À Bientôt!
(Prochains arrêts:Wayesboro,Va. 24526;Troutville,Va. 24070)
Simon
P.S. (OH YEAH!! 3000km de fait déjà!)
- thanksgiving traditionnel! Miaam!! Merci Dicocco!
- Hanna,Robert,Denise,GG
- le monument Washigton
- attention aux chasseurs!
- des ruins du temps de la guerre civile
- juste avant Harper’s Ferry
- ah le titoiseau.. titi titi..
- à gauche,mon nouvel équipement. 6 livres plus léger!
- tu veux ma photo banane!
- Harper’s Ferry! sous un ciel bleu froid!
- Chaque paires de bottes à une histoire…
- je suis recolllé!
- petit band blues
J’aime lire tes récits. Tu es vraiment crinké pour faire une tel aventure! J’ai récemment vu le film “Into the wild”. Ton trip me fait penser à ça un peu mais tu semble être moins “puriste”que McCandless et donc plus sain d’esprit…
Bonne chance pour la suite de ton voyage!
Salut Simon,
Suite à un reportage dans la Presse,j’ai pris connaissance de ton blog. Ton récit est fascinant,on s’attache à Trail Leaf,Let it be et surtout la belle GG. Je suppose que tu vas coucher dans un abri style crèche de Jésus à Noël.
A la prochaine
Bertrand
Salut Simon,9 décembre,tu manques la première vraie neige.. Les écoles sont fermées! Fais attention à toi,guéris bien tes petits bobos…
Salut Simon,
Suite à un reportage dans la Presse,j’ai pris connaissance de ton blog. Ton récit est fascinant,on s’attache à Trail Leaf,Let It Be et surtout la belle GG. Merci pour les photos. Je suppose que tu vas coucher dans un abri style crèche de Jésus le 25 decembre.
A la prochaine
Bertrand
Hola,Simon!
We ran into you in Maine and gave you a lift into town (Greenville) in our pickup truck with our kayaks;we accidentally took your hat with you before doubling back to return it to you. Well,we are back here at our home in Virginia and are thinking of you this week in the Shenandoah. Watch out for the rattlesnakes. I hope that they have gone in for the winter. We saw several of them in July along with lots of bears in Shenandoah Park. God speed,my friend!! We admire what you are doing.
ed and sharry linz,springfield,va
Spaz,
As always,I am enjoying your blog entries and photos. When we met I remember wondering if I should try to explain Trail Magic to you. I am glad I did not,it is something best experienced. Kudos on getting your pack weight down by 6 pounds.Every ounce counts. And I am with you on the slack packing. We saw hikers get too used to it to their detriment. I remember the ice cream challenge at the half way point. I,sadly,belong to the 2 pint club. Shaken not Stirred however ate all the ice cream and like you followed it up with dessert:fries and a burger. My brother drove down from Ontario for a visit once and could not believe how much food we inhaled.
One thing I remember about our hike was that hikers would often asked the same 3 questions when meeting a new hiker. 1) When did you start your hike? 2)How many miles did you walk today? 3) How much does you pack weigh? After a while I stopped asking and answering these questions. I realized that it was a way of creating division. As if speed and weight qualified ones hike and that by answering these questions,someone might feel less than. As a northbound hiker in the middle of summer,we ran across a lot of hikers each day,and I just felt it was an unnecessary categorizing of my fellow hikers. If I was truly “hiking my own hike”I had to respect that in others as well. I also felt that I’d had enough of that from city life that I did not like it encrouching on my hike. Perhaps you have not had this experience.
The big story in 97 was that there had been 2 women murdered in Shenandoah the long weekend in May and the AT was full of rumours as to who did it. So people were anxious about hiking through the park that year. One hiker,Icabod,who we suspected suffered schizophrenia,made too many comments about the murders that many suspected him and avoided him. Rumor was he was questioned by police even. It was all ridiculous but gossip is foolish that way.
I know its early to think about,but have you thought about how you are going to reintegrate into society? I mention it now because it is very important. I went from the trail to work in less that a week. NOT a good idea. May I suggest you reflect on what you need in terms of time and expereince before going back. One day you’ll be on the trail and the next you won’t. ONE DAY. Give yourself whatever you need to ease back in.
Well,I hope you don’t mind the reminising. Some stories only another hiker will understand. Just wanted you to know that we continue to follow your adventures and that we pray for you everday.
Cheers,
Violet and Shaken not Stirred
WOW!!!quel beau trip!!je trouve que c’est un trip d’une vie,pis pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour faire ça.tu me donnes le goût de le faire et j’espère que quand tu vas avoir fini ton périple que tu vas faire une soirée rétrospective de ton voyage,car j’aimerais avoir des infos sur ton équipement,ton budget et ta préparation.
donc bon fin de voyage!!!
François
bonne continuation dans l’hiver;dans le pire (ou meilleur) des cas tu dormiras bientôt dans une crêche?
prends soin de toi.
Tu nous diras quand tu vas passé à Tout le monde en parle!