Il neige abondamment,c’est un blizzard. L’homme sans dent qui nous conduit au sentier est très nerveux et moi aussi,il a un pied sur chaque pédale. Kevin et moi arrivons au sentier en fin d’avant midi. C’est une vraie toile d’œuvre d’art. Morgan saute,cours et s’amuse dans la neige et créer un tourbillon blanc autour d’elle. Kevin et moi avons le même sourire enfantin givré sur les lèvres. Il neige toujours et la température est assez douce,il fait environ -6 degrés Celcius.
Avant notre première pause,nous dépassons deux groupes de scouts. L’un deux nous rejoint quelques minutes plus tard. Les enfants sont âgés entre 12 et 14 ans environ. Ils portent tous des vêtements de coton et n’ont aucune idée comment combattre le froid. Leur guide tente d’allumer son brûleur pour faire du chocolat chaud. Il le tient avec sa main gauche et manipule à la fois la sortie de gaz et le briquet avec sa main droite. Il utilise une bonbonne de gaz sous pression. Le gaz est plus dense dans ces conditions et il sort lentement de la bonbonne. Alors qu’il inspectait la sortie du gaz,la bonbonne penchée alluma. En moins de deux,il avait une boule de feu dans sa main gauche. L’air surpris il mit le tout sur le banc. Plus tard,je pouvais apercevoir son setup « allumé » mais sans flamme et tous attendaient que l’eau bouille. Le plus jeune grelottait debout dans le fond du shelter. Ses vêtements étaient imbibés de sueur et il n’avait pas de rechange. Notre chef de scout était dépassé par la situation. La seule chose qu’il leur a dite c’est de changer leur bas et la moitié ont affirmés que ce n’était pas nécessaire. Kevin et moi pouvions voir qu’on dérangeait le «maître » à l’œuvre,nous n’osions plus s’interposer. Kevin à été visiblement surpris lorsqu’il a vu que les enfants portaient tous leur vêtement de scouts en coton. Ceci mit une légère tension et le climat était de plus en plus froid. Nous n’osions pas montrer aux enfants comment se réchauffer et comment allumer un brûleur par temps froid. De peur de manquer de respect à cet homme. Nous avons rapidement terminé notre collation et continué notre chemin.
Sans raison apparente,Morgan vomit sans cesse. Mais elle reste solide et joyeuse. Nous marchons dans un blizzard de neige. Le vent nous transperce la peau si nous nous arrêtons trop longtemps. Mes guêtres sont brisées depuis plusieurs mois maintenant. Elles se déplacent constamment,laissant la neige se faufiler jusque dans mes bottes. Je perds mon trépied dans la neige suite à un arrêt « replace tes guêtres ». C’était mon quatrième trépied. J’en ai perdu autant que j’en ai brisé. Tant pis,je vais m’en procurer deux autres à Noël quand que je vais être en ville.
Nous atteignons notre abri 1h30 après le coucher du soleil. Ça a pris une bonne dizaine de minutes de recherche pour le trouver alors qu’il était à 50 pieds de nous. La neige et le vent diminuaient drastiquement la visibilité. Puis le festival de la souris agrémentait le rythme de nos rêves durant la nuit.
Le matin nous propose une journée tranquille et ensoleillée. C’est mon genre de journée préférée. Calme et joyeuse entre le bleu ciel et le blanc neige. Les arbres brandissent fièrement leurs branches glacées. Signifiant leur victoire de la nuit dernière. Nous arrivons au parking du parc national de Shenandoah. Il s’y trouve une seule vielle camionnette toute enneigée. C’est le camion de LETITBE. Lui et GG ont sautés environ 100 miles pour se rendre directement ici. Dans le dernier shelter du parc,j’y ai lu qu’ils allaient sauter le reste de la Virginie pour se rendre directement dans les montagnes fumeuses,« the Great Smoky Mountains »,au Tennessee. Ils font le sentier par section,laissant leur imagination leur dicter la prochaine destination.
Morgan est top shape aujourd’hui. Ce n’était qu’un petit virus passager. J’ai commencé une petite grippe qui passera au fil du temps. Nous allons en ville pour faire un petit ravitaillement. Puisque tous les édifices du parc sont fermés,il nous sera impossible de passer au travers sans réserves supplémentaires. J’aimerais aussi échanger mes bottes Keen pour des bottes plus chaudes et imperméables. Malheur! Le seul magasin de plein air est fermé le lundi. Et double de malheur,aucune botte ne fait mon affaire. Kevin et moi s’accordons pour glander le reste de la journée dans les cavernes de la ville de Luray. Quelle belle surprise! Ya rien pour rien! J’en ai eu plein la vue! Après avoir touché le ciel dans les montagnes,je me trouvais 80 pieds sous terre à admirer ce joyau de la nature. Selon le national Geographic,ces cavernes sont les plus impressionnantes au monde! WOW! Et moi qui marchais tout bonnement par là. Hé ben.
Kevin restera en ville cette semaine,évitant ainsi que le ciel lui tombe sur la tête et donnant l’occasion à Morgan de récupérer un peu. Une nuit de pluie et de glace va s’abattre sur la région.
Alors,armé de mes semelles à crampons,je gravis la montagne jusqu’au premier shelter. Mes pieds sont gelés et trempés. J’y arrive en début d’après midi,me laissant amplement le temps de faire un feu et m’y faire un chez moi pour la nuit. C’est vers minuit que mes yeux se sont ouverts. La tempête était si forte que la pluie pouvait m’atteindre. J’ai installé une toile pour me couvrir et bingo,back to dodo. Mon sleeping bag a été un peu mouillé durant la nuit.
Encore une fois,le matin annonçait une journée splendide et plutôt venteuse. Il fait dix dehors et pourtant je grelotte sans cesse. Ce sont mes pieds mouillés et gelés qui draine toute ma chaleur. Au fil de la journée je rencontre un paquet de chevreuils et des traces d’ours. Ses traces de pattes sont environ deux fois plus grosses que celles que j’ai vu au Québec. Suite à l’inspection du logbook j’ai pu lire que GG à pu voir sont premier ours sur le sentier. Elle était super contente. Son chien Bruno était super excité aussi,il parait qu’il voulait quasiment aller jouer avec le nounours. Quel beau spectacle,parait-il. Je n’étais pas trop enjoué de savoir qu’un ours s’amusait à observer les humains!
Après avoir vérifié la distance à parcourir pour atteindre le prochain arrêt « blog »,je décide que cette journée sera consacrée à faire le plus de distance possible. Le terrain est assez plat,plutôt glacé. La journée est extrêmement venteuse,donc pas de trainage,pour rester au chaud,je dois bouger. À un certain moment donné,alors que mon moral diminuait sans cesse,les paroles de mon père résonnent en écho dans ma tête:«si tu veux te rendre en Georgie,prend ton char pis vas-y!». Mon subconscient ne comprenait pas pourquoi je poussais fort aujourd’hui. L’objectif de la journée était de marcher 34 miles et les conditions étaient passables.
J’arrivais à destination aux petites heures du matin et je me suis mis au lit après m’être rassasié d’un festin. Quelques minutes plus tard,l’odeur de mort qui trainait sur place me réveilla. Une odeur de déchet qui colle à la peau et aux vêtements. Les logs avaient tous indiqué que ce shelter était prisé par les rats. Mais jamais j’en ai eu connaissance. Peut-être étaient-ils tous mort soudainement et pourrissaient dans les entrailles de cet édifice à trois murs. Peu importe. Il faut dormir. Puis,le raton laveur voleur de matériel s’est enfuit alors je me tortillais à la recherche de mon zipper. Je suis extrêmement content que Lucky l’ai tabassé il y a quelques semaines,puisque selon les logs,ce raton laveur n’a pas la réputation d’être très amical.
En quatre jours,la seule personne que je rencontre sur le sentier m’ignore totalement. C’est un day hiker qui vient faire le vide,ou le plein. La journée est splendide,le vent est tombé. Durant la nuit dernière plusieurs arbres sont tombés. La forêt à été l’objet d’un champ de bataille. Encore une fois,les arbres victorieux brandissent leurs glaçons. Ils ont l’air fatigués et la majorité sont blessés. Néanmoins,ils ont su soutenir leur position et la vie aujourd’hui resplendit de partout. Un nombre impressionnant de chevreuils sont de retour sur le sentier. La majorité ignore ma présence et me regarde,mâchant les feuilles mortes dénichées sous la neige.
Et me voilà donc en ville. Oh malheur,mon bouquin de référence contient des erreurs de code postal et la poste est fermée. Mes paquets sont-ils perdus? Je reprends contact avec Kevin qui vient me rejoindre au magasin de plein air. Oui! J’ai trouvé de nouvelles bottes! Ainsi qu’un nouveau pantalon de pluie,des mitaines,un foulard,des sacs imperméables,des nouvelles guêtres et un nouveau livre de référence. Je suis maintenant mieux équipé pour faire face aux intempéries de dame nature et j’apprends que pendant les prochains jours la température sera à la hausse,voir même de la pluie!
À Venir:
Une québecoise sur le sentier
Des nouvelles de Thirst et de MacGuyver.
Les déboires de dame nature en Virginie
À très très bientôt!
Simon.
- Kevin
- les cavernes Luray
- Je suis toujours maboule! (voir les posts au N.B.)
- Wow! ya un ours dans les parages.
- La glace par dessus la neige.
- l’arbre reproducteur
Encore un récit intéressant. Lâche pas Simon! Et passe de belles fêtes!
salut Simon,passe de très belles fêtes et je trouve que tu as une bonne force de caractère et aussi tu dois surement te l’enforcir avec ces ptites épreuves de climat!!!
François
Joyeux Temps des fêtes! Merci pour tes commentaires de voyages. C’est un plaisir de te lire!